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  • Philippe De Grandpré

Intervenir en douleur chronique : quoi faire et ne pas faire


La douleur chronique est un sujet sensible. Un patient se présentant en pharmacie pour parler d’une douleur qui l’inquiète endure, sans doute, cette souffrance depuis quelque temps.

La décision de consulter vient lorsque l’inquiétude a atteint un stade peu gérable ou lorsque les activités quotidiennes de ce patient sont amputées par la douleur. En intervention en pharmacie, quelles interventions sont à privilégier et quelles ne le sont pas? Philippe De Grandpré, pharmacien spécialiste en douleur chronique, nous aide à cibler quelques points importants.

Une première intervention : la base

Lorsqu’un patient vient pour la première fois vous consulter pour une douleur chronique, il est impératif de considérer l’ensemble de la situation. Voici une liste de questions qui pourrait vous guider :

  • Depuis combien de temps la douleur est-elle présente?

  • Est-il arrivé un évènement particulier pour que cette douleur s’enclenche (un choc ou un traumatisme, par exemple) ?

  • Comment se présente-t-elle? Comment peut-on décrire cette douleur?

  • Qu’est-ce qui déclenche ou soulage la douleur? Par exemple : mouvement, chaleur, froid, position

  • Où se situe-t-elle?

  • Quelle est l’intensité de cette douleur sur une échelle de 1 à 10?

  • Comment la douleur évolue-t-elle dans la journée? Est-ce une douleur stable ou variable, quels moments sont les pires ou les mieux ?

  • Quelles mesures (pharmacologies ou non) ont été essayées pour soulager la douleur?

  • Quels sont les impacts fonctionnels de cette douleur sur la vie du patient (travail, déplacements, activités quotidiennes, etc.)?

Pour tenter de cibler le type de douleur auquel vous avez affaire, il faut tenter d’avoir le plus de précisions possible. Il ne faut pas hésiter à poser des questions au patient pour pouvoir véritablement mettre le doigt sur le problème. Ainsi, les questions sur la localisation du mal et sur les facteurs déclencheurs devront se faire précises et claires.

Cette série de questions devra être suivie par une entrevue pharmacologique de base portant sur l’histoire pharmacologique du patient, ses allergies et ses prescriptions. Quels médicaments ont été essayés pour soulager cette douleur? Y a-t-il eu un certain soulagement?

Finalement, des corrélations existant entre la douleur chronique et d’autres pathologies, il est d’autant plus important de prendre le patient dans sa globalité. Effectivement, des maladies telles que le diabète peuvent causer des douleurs spécifiques qui nécessitent une évaluation médicale. Dans le cas de maladies psychiatriques, des patients peuvent également ressentir des douleurs sans qu’il n’y ait de lésion. Certains traitements médicaux tels que la chimiothérapie et plusieurs antirétroviraux (utilisés dans le traitement du VIH) peuvent à leur tour engendrer des neuropathies. C’est aussi le cas des statines, utilisées pour abaisser le cholestérol, qui causent des douleurs musculaires. Dans une première intervention en pharmacie, le professionnel de la santé doit donc s’assurer que tous les renseignements nécessaires à l’évaluation de la douleur du patient lui sont transmis. Lorsqu’une pathologie spécifique semble être à l’origine de la douleur, il est de la responsabilité du pharmacien de confier le patient à un médecin.

À ne pas faire…

À la lumière de ce qui a été dit précédemment, il devient clair que le travail en douleur chronique en est un d’écoute et de questionnement. Le pharmacien doit développer une relation de confiance avec le patient pour pouvoir le faire progresser dans sa démarche.

Ainsi, ne pas croire le patient lorsqu’il décrit sa douleur est, selon Philippe De Grandpré, la pire chose à faire en intervention en pharmacie. Certaines douleurs n’étant pas apparentes, il est crucial que le pharmacien soit capable d’aider et de comprendre son patient. La minimalisation de la douleur est également à proscrire. Donner l’impression à un patient que sa douleur est « banale » n’aidera certainement pas à créer le lien de confiance nécessaire à la démarche. Plus encore, un patient consultant pour un problème de douleur chronique est nécessairement inquiet et a besoin d’être rassuré et compris.

L’écoute active devient donc la clé du succès. Comme le dit si bien Philippe De Grandpré : « à partir de la subjectivité du patient, il faut essayer d’objectiver le mieux possible à quel genre de douleur nous avons affaire et quels peuvent être les impacts de celle-ci sur la vie du patient ». Le pharmacien n’ayant ni test ni chiffre pour arriver à cibler le problème, il doit miser sur la communication avec le client.

Dans un prochain article, nous verrons quels peuvent être les outils et les ressources du pharmacien pour faire progresser son patient dans sa démarche contre la douleur chronique.

Philippe De Grandpré Pharmacien propriétaire spécialisé en douleur chronique


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